Question orale sur l’explosion des charges locatives
Publié par Pauline FIVEL le
Question orale sur l'explosion des charges locatives
Question orale sur l'explosion des charges locatives
Face aux messages alarmants des locataires de la résidence Camille Chalumeau à Lyon 6, ou des Hautes Roches à Oullins-Pierre-Bénite, notre groupe a adressé une question orale à l’exécutif métropolitain.
La voici :
Voici la réponse du Vice-Président Renaud Payre :
Monsieur le conseiller, vous nous interpellez au sujet de l’augmentation des charges dans deux résidences d’offices métropolitains de l’habitat. Vous le savez, j’ai déjà eu l’occasion de répondre à ce sujet à l’ensemble des groupes politiques au printemps, comme je l’ai fait auprès des locataires et des associations, les représentants lorsque ils ou elles en ont fait la demande.
Mais je vous remercie de me donner l’occasion de répéter ici publiquement mes propos, car probablement ils n’avaient pas été entendus. De fait, nous sommes confrontés depuis trois années à une situation d’augmentation des charges brutale et inédite dont on sait que le prix de l’énergie a été multiplié par quatre en un an entre février 2021 et février 2022. Et ce prix a encore doublé entre février 2022 et octobre 2022.
Le bouclier tarifaire mis en place par l’État a bien protégé les personnes en chauffage individuel, mais a été largement moins protecteur pour les immeubles équipés d’un chauffage collectif. Dès 2023, les acteurs du logement social avaient alerté sur le fait que 2 millions de locataires parmi les plus modestes allait payer leur énergie plus cher que les autres, ce qui avait d’ailleurs amené la Fédération des offices publics de l’habitat, des forces politiques, des élus et j’en faisais partie, à revendiquer que soit instaurée un tarif social de l’énergie pour les locataires du parc social.
Les deux offices évoqués sont confrontés, comme tous les bailleurs sociaux, à la régularisation des charges. Je n’entrerai pas dans le détail, mais je souhaite dire que ces questions ont été traitées dans les conseils d’administration des offices et avec les organisations représentatives des locataires. C’est dire l’importance accordée à ce sujet. Ces deux offices ont volontairement mis en place des fonds d’urgence à destination des locataires pour faire face à l’augmentation des charges.
Chez Grand Lyon Habitat, plus de 300 000€ ont été mobilisés en complément des aides de droit commun et notez que Lyon Métropole Habitat proposera à son conseil d’administration de doubler le montant de son fonds d’urgence. De ce point de vue, je ne veux, je ne peux pas vous laisser dire que les bailleurs agiraient de façon maltraitante.
Au contraire, ils mettent en œuvre toutes les mesures d’accompagnement disponibles pour trouver des solutions aux locataires. J’ai d’ailleurs demandé à ce que vous puissiez rencontrer ces professionnels pour qu’elles et ils puissent vous expliquer leur méthode et j’ajouterai leur déontologie professionnelle. Elles et ils à votre disposition comme vous le souhaiterez. Face au défaut de solidarité nationale, nous avons localement, en partie anticipé cette situation à travers notre engagement fort sur le Fonds de solidarité logement.
Le budget a augmenté de 31 % entre 2018 et 2023, passant de 4,7 millions d’euros à 6,1 en 2023. Et pour rappel, le FSL est financé par la métropole à hauteur de 81 % par les fournisseurs d’énergie et eau à hauteur de 12 % et par les bailleurs sociaux à hauteur de 7 %. Je voudrais souligner que le FSL permet aussi de répondre aux locataires du parc privé dont vous ne parlez pas, mais qui sont confrontés aux mêmes augmentations et qui ne bénéficient pas du même accompagnement que les locataires du parc public, alors que nombre d’entre eux ont des revenus très limités.
Alors bien sûr, nous devons aller encore plus loin, mais nous engageons actuellement une refonte du règlement du FSL pour que les sources de financement soient plus nombreuses et mieux réparties, pour que le non-recours à ces aides disponibles cesse, et également pour que les locataires modestes, voire pauvres, du parc privé puissent davantage en bénéficier. La solution la plus durable, vous la connaissez, c’est l’éco rénovation.
Nous venons d’ailleurs de voter il y a quelques minutes en faveur de nouveaux crédits au cours de ce conseil. Depuis 2020, nous avons augmenté notre effort en faveur de l’éco rénovation du parc social. De ce point de vue, le gel du gouvernement des crédits dédiés à la rénovation énergétique du parc social est un grave problème, à rebours des impératifs du moment.
À rebours aussi de notre transformation et extension du réseau de chauffage urbain qui passe, je le rappelle, de 70 000 logements concernés en 2020 à plus de 200 000 en 2026. La colère des locataires que vous décrivez, je la mesure tous les jours et j’essaie d’être le plus possible à leur écoute. Comme le sont d’ailleurs les bailleurs eux mêmes qui sont en première ligne face à la précarité de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
Mais je sais aussi que nous devons faire corps, notamment à gauche, pour défendre le logement social, particulièrement mis à mal depuis 2017, et lutter contre les ponctions répétées sur le budget des offices HLM. Répondre aux attentes des locataires ? Sans aucun doute. Mais tout en défendant la probité, le travail quotidien, l’engagement au service des habitants et habitants dont font preuve les salariés des organismes de logement social. Tel doit être notre cap. Après sept années d’absence de politique nationale du logement.