DOB 2025 : FACE AUX VENTS CONTRAIRES, LA MOBILISATION DE L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE EST NECESSAIRE

Publié par Pauline FIVEL le

FACE AUX VENTS CONTRAIRES, VEILLONS A REPARTIR LES RICHESSES !

Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

 La France est loin des critères européens, malgré une révision de ces derniers pour intégrer la notion de « trajectoire », en réponse aux défis rencontrés par les États pendant la crise du Covid. Actuellement, notre déficit public dépasse les 6 % et notre dette publique s’élève à plus de 3 300 milliards d’euros. Dans ce contexte, où notre président et notre gouvernement adoptent des positions ultra-libérales qui ne remettent pas en question nos capacités à augmenter nos recettes, la situation devient préoccupante.

 

À l’inverse, la Métropole de Lyon a su maintenir un équilibre budgétaire tout en diminuant sa dette. Elle a su anticiper les vents contraires internationaux ainsi que la baisse même si à un niveau inédit des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), une recette par nature incertaine. La suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), remplacée par la TVA, puis par une TVA réduite, nous rend beaucoup trop dépendants des décisions nationales. Cette dépendance est d’autant plus problématique que nous subissons les conséquences d’une gestion nationale défaillante, renforcée par une culture ultra-libérale qui considère la dépense publique comme un mal. Cette vision est un leurre qui affaiblit progressivement notre tissu social.

 

Il convient de rappeler que la dette des collectivités locales reste stable autour de 8 % du PIB depuis des années, tandis que celle de l’État dépasse 88 % du PIB. Les collectivités réussissent à faire plus avec moins, y compris en embauchant pour répondre aux besoins essentiels souvent transférés par l’État. Pourtant, elles en pâtissent, car leur masse salariale est impactée par les mesures d’équilibre de la CNRACL. Après le secteur de la santé et de l’éducation, les collectivités locales se retrouvent désormais dans le viseur des décideurs de Bercy, qui entretiennent l’idée qu’il y aurait trop de fonctionnaires territoriaux, est-ce que cela concerne aussi les pompiers ?

Cette absence de remise en question des recettes fiscales a des conséquences concrètes. À Lyon, les dix plus grandes fortunes totalisent 22,7 milliards d’euros de patrimoine en 2024, contre 22 milliards l’année précédente. M. Gascon, avez-vous discuter de cela avec M. Aulas ? Cette augmentation est indécente. L’introduction d’une taxe Zucman de 2 % sur le patrimoine supérieur à 1 milliard d’euros, soutenue par des économistes, pourrait alimenter les recettes de l’État pour ses dotations aux collectivités locales et alléger notre autofinancement. Nous estimons qu’elle pourrait rapporter 250 millions d’euros à l’échelle locale, un montant supérieur à l’effort demandé suite à la baisse de nos recettes. Est-ce que cela pourrait bénéficier à nos pompiers ?

 

Les conséquences se reflètent également dans la révision de nos politiques publiques, afin de garantir l’essentiel, comme l’indique le Document d’Orientation Budgétaire (DOB). Nous devons assurer notre capacité à investir, à financer les besoins sociaux, la transition écologique et le logement. Nous veillerons à maintenir le socle social de nos agents afin qu’ils puissent assurer leurs missions. Nous trouverons les moyens de répondre aux besoins de nos pompiers. Nous irons chercher les solutions qui sont déjà collectivement travaillées : agenda social, augmentations salariales, égalité F/H et nous soutiendrons toutes les initiatives en ce sens. Mais chers collègues, cessez de jouer aux pompiers pyromanes ou seulement postures opportunistes alors que le travail de sape des moyens humains a démarré il y a déjà plus de 15 ans ? Quand certains d’entre vous avaient déjà la possibilité de préparer l’avenir de la sécurité civile ? Nous soutiendrons tous les plans d’envergure qui éviteront la désagrégation des missions du SDMIS qui garantissent l’égalité d’action de secours de l’ensemble de la population, en particulier la prise en compte à égalité de ce que vivent déjà les pompiers de Paris et Marseille. Nous ne confondons pas les mesures d’urgence, indispensables, des solutions humaines et financières qui doivent obligatoirement se pérenniser, nous seront disponibles comme nous le faisons déjà pour participer ce travail et pousser l’État mais aussi le SDMIS et la Métropole lorsqu’il le faut à garantir de vraies solutions.

 

Cependant, ce sujet concerne également des dépenses non obligatoires mais essentielles, telles que les politiques sportives et culturelles, les actions de prévention et d’accompagnement des plus fragiles, comme avec le Revenu de Solidarité Jeunesse (RSJ). Les besoins en logement d’urgence, l’accueil des mineurs non accompagnés (MNA), les contrats pour les jeunes majeurs, la participation citoyenne, les subventions aux associations, les politiques de la ville et l’éducation populaire font partie intégrante de notre engagement. Toutes ces initiatives, qui renforcent le lien social et la démocratie, seront inévitablement réduites. Dans notre région, ces économies représentent entre 8 et 12 % du PIB. De plus, certains départements de droite ont déjà annoncé la fin de la prise en charge des MNA et du logement d’urgence, tandis que d’autres prévoient des coupes drastiques dans le sport, la culture et l’économie sociale et solidaire. Cela met en danger des milliers d’emplois à travers toute la France et reflète l’application d’un agenda de l’extrême droite, sans même un passage par les urnes.

 

Par ailleurs, les investissements seront reportés. Les collectivités territoriales sont responsables de la majorité des activités du BTP, notamment en matière de logement. À Lyon, aucune opération de construction ne peut trouver un équilibre économique sans l’intervention de la Métropole et de nos bailleurs sociaux. Le budget 2025 de l’État aura indubitablement des répercussions économiques sur le secteur de la construction et de l’aménagement.

 

Face à ces vents contraires, une coopération et une mobilisation sont nécessaires sur l’ensemble du territoire. Il est crucial d’éviter que seuls quelques-uns bénéficient des richesses que nous possédons, malgré leur importance. Cette mobilisation doit se refléter dans nos budgets de 2025 et pour les années à venir.