INTERVENTION PREALABLE

Alors que nous entamons cette nouvelle année, nous sommes confrontés à des défis majeurs qui mettent à l’épreuve nos valeurs fondamentales de fraternité, d’égalité et de justice.
En 1945, Léon Blum écrivait : « Le libéralisme économique est mort. Qui donc se présente aujourd’hui pour le défendre ? Tout le monde sent la nécessité d’une organisation collective de la production et de la répartition des richesses. Il a bien fallu créer ces organismes collectifs pendant la guerre ; il faudra bien les maintenir et les renforcer encore dans chaque nation. Aucune nation ne pourra vivre à un autre prix. »
Un peu plus loin, il ajoutait : « Tout le monde veut une société fondée sur la justice sociale. On ne s’est pas seulement battu pour la liberté, on s’est battu pour la justice, hors de France et sur le sol français. La justice sociale, qu’est-ce que c’est d’autre, qu’est-ce que cela peut être d’autre, que l’élimination progressive des privilèges héréditaires créés par le capitalisme, que l’instauration d’une société où les inégalités naturelles ne soient surchargées d’aucune inégalité supplémentaire, où chaque individu trouve sa place juste, sa place équitable, celle qui répond à sa vocation individuelle, celle où il peut rendre à la collectivité le plus de services et, par là même, s’assurer à lui-même le plus de bien-être et de bonheur ? Tout le monde dit cela. C’est devenu des lieux communs. »
Ces idées étaient effectivement des lieux communs dans toute la société qui adhérait au travail issu du CNR, après cinq ans d’horreur en Europe et partout dans le monde. Aujourd’hui, malheureusement, ce ne sont plus des lieux communs. Nous sommes dans une époque de confrontation des visions du monde, où même la notion d’humanité peut sembler optionnelle, avec l’illusion qu’elle sera prolongée par l’IA ou toute autre vie virtuelle ou martienne. La promesse de grandeur, d’autorité, d’individualisme appelé liberté, jusqu’au libertarisme incarné par D. Trump ou E. Musk, trouve un écho dans nos sociétés européennes. Un salut nazi n’est plus si grave, voire n’est plus considéré comme un salut nazi.
Les attaques sur nos finances publiques et locales ne sont pas qu’une question économique ; elles touchent le cœur même de notre démocratie. La défense du caractère ultime de l’hérédité et de la rente est aujourd’hui une valeur défendue contre toutes les autres, sans aucune mesure. Que dire de l’augmentation des salaires, que je nous souhaite, ou encore du sujet des retraites. Je rappellerai, lors des échanges sur le DOB, les chiffres indécents de cette non-répartition des richesses. Ces attaques compromettent notre capacité à investir dans l’éducation, la culture, la santé et les services publics, qui sont des piliers essentiels pour garantir une société juste et solidaire, dans laquelle les habitant.es sont considéré.es comme des citoyen.nes formé.es, critiques, et à qui la confiance est accordée avant toute autre considération. Ces fondamentaux sont le socle de notre vivre-ensemble.
Je ne sais toujours pas si la Métropole de Lyon, qui vient d’avoir 10 ans, est une institution qui les garantit. Elle a été créée pour établir un rapport de force favorable vis-à-vis de l’État, de l’Europe ou du monde, mais a-t-elle été conçue pour garantir la cohésion et la cohérence du territoire pour toutes et tous ? Elle y participe certainement en sauvegardant nos ressources (ville perméable, droit à l’eau, politique alimentaire), en péréquant nos territoires ou en déployant des politiques sociales, mais elle doit encore renforcer les coopérations et l’interconnaissance, sans pour autant renforcer l’archipélisation des esprits.
Il en va de même pour les communes, dans l’autre sens, qui ne peuvent pas devenir des sanctuaires pour certain.es dans l’espoir qu’elles échapperont aux contraintes environnementales et sociales qui permettent à toutes et tous une meilleure vie ailleurs ou même juste à côté. Et oui, cela doit se traduire dans la politique d’accueil, la participation à l’hébergement d’urgence, l’accueil des MNA (en recours ou non, dont le flux stable en France représente seulement l’équivalent de quelques places mises à disposition par commune, par exemple) et la construction de logements sociaux partout. L’ARS réduit, pour des économies qui cachent en réalité des privatisations sous-terraines, comme dans le secteur de la santé, les prérogatives de nos pompiers au lieu de nous permettre d’augmenter les effectifs ainsi que les moyens qui leur permettraient de répondre aux défis posés par les conséquences des changements climatiques et du vieillissement de la population. Il faut faire mieux. La réduction des moyens qui provoque l’évitement de soin des plus précaires ou la guerre administrative imposée aux migrant.es revient à dire que l’on ne prendra en charge que certains et pas d’autres. C’est un danger pour toute la société.
Face à ces défis, nos réponses doivent être à la hauteur. La défense de nos valeurs doit se faire à tous les niveaux : local, national et international. Les coopérations entre nations, entre collectivités et entre citoyens sont plus que jamais nécessaires pour préserver nos bases démocratiques. Nous devons nous unir pour faire face à ces menaces et promouvoir un avenir où la solidarité prime sur l’individualisme.
Nous ne pouvons pas nous limiter à des mesures institutionnelles. Chaque choix que nous faisons, qu’il soit politique, budgétaire, symbolique ou d’action, doit refléter notre engagement envers une société plus juste et équitable. Nous avons la responsabilité de construire un avenir où chacun a sa place, où la diversité est célébrée et où les droits de tou.tes sont respecté.es.
En cette nouvelle année, engageons-nous ensemble à défendre nos valeurs, à promouvoir la solidarité et à œuvrer pour un monde meilleur. Que 2025 soit une année de renouveau, d’espoir et d’actions concrètes pour un avenir qui nous rassemble.
Avec mes meilleurs vœux,