LYON CAPITALE – À la Métropole de Lyon, les élus s’unissent contre une A46 sud élargie
Un projet prévoit l’agrandissement de l’A46 Sud en 2×3 voies. Lors du conseil de la Métropole de Lyon du 27 septembre, les élus se sont montrés (presque) tous unis contre ce projet.
L’entente des différents groupes de la Métropole était bien mal entamée. Pendant près de deux heures, au début du conseil métropolitain, les élus se sont opposés sur la gouvernance de la collectivité. Vertement critiquée par les élus des oppositions, elle a été âprement défendue par la majorité écologiste.
Finalement, il aura fallu une délibération pour les réconcilier. Une seule pouvait le faire : l’A46 Sud. La Métropole devait donner son avis sur un projet d’élargissement de cette autoroute porté par l’État et Autoroute du Sud de la France (ASF), société qui appartient à Vinci. La concertation autour du projet se termine mardi 28 septembre. Tous les groupes politiques, sauf un, se sont montrés très critiques.
Une opposition quasi unanime
D’emblée, les écologistes posent le ton. Ils s’opposent à cet élargissement et veulent le faire savoir à l’État. Pour cela, ils demandent à l’hémicycle d’envoyer un message fort en réunissant un maximum de votes pour l’avis défavorable qu’ils souhaitent rendre. Des communistes aux élus de droite, les critiques pleuvent sur le projet. Sauf au centre, où les élus de la Métropole de demain, le groupe de Gérard Collomb, ancien maire de Lyon et ministre d’Emmanuel Macron, et Thomas Rudigoz, député LREM, s’y sont montrés favorables.
“Il est essentiel d’envisager l’élargissement à 2×3 voies pour améliorer le trafic, réduire le nombre d’accident et développer de nouveaux usages comme le co-voiturage”, développe Thomas Rudigoz, qui préférerait malgré tout un “grand contournement à l’Est de Lyon”.
Finalement, la délibération réunira 84 votes pour et 1 voix contre, sur les 148 votants. Une partie des élus, majoritairement de droite ont boudé le vote, alors même qu’ils étaient contre le projet. Ils avaient prévenu lors des débats : si l’amendement, proposé par l’opposition de droite, n’était pas retenu, ils s’abstiendraient. Et ils ont tenu parole.
Tout sauf l’élargissement
L’État et Vinci présentent le projet comme ayant un double objectif : améliorer la fluidité du trafic, et réduire les émissions de gaz à effets de serre (GES) par la diminution des bouchons. De supposés bienfaits qui ont laissé les élus métropolitains très dubitatifs. Laurent Legendre, de la Métropole insoumise, dénonce “une gestion privée par Vinci d’un patrimoine routier d’intérêt général” et un projet incompatible avec les objectifs de baisse des GES d’ici 2050.
“En élargissant l’A46 sud, on encourage un nombre croissant de véhicules à l’utiliser”, résume Véronique Giromagny du groupe Les écologistes. Elle donne l’exemple de villes aux États-Unis où des voies ont été ajoutées les unes après les autres, jusqu’à en avoir une dizaine, sans pour autant réduire le trafic.
“En élargissant l’A46 sud, on encourage un nombre croissant de véhicules à l’utiliser”, Véronique Giromagny du groupe Les écologistes.
À droite, comme à gauche et au centre on s’entend sur deux points : il faut développer l’offre de transport en commun et reporter le transport de marchandises des poids lourds vers le rail. Est revenu dans toutes les bouches, des louanges pour le projet de Contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL). Ce tracé ferroviaire du nord-est vers le sud-ouest, lancé en 2001 et axé vers le transport de marchandises, est pour l’instant encore très loin d’être fait et l’État ne semble pas pressé de le mettre en oeuvre.
La droite parie sur l’A432
L’amendement déposé par la droite portait sur la possibilité d’agrandir l’A432, pour décongestionner l’A46 sud. Pour Gilles Gascon, du rassemblement de la droite, du centre et de la société civile, cet agrandissement permettrait de créer un contournement de l’agglomération lyonnaise.
Un moyen de séparer les voitures “en transit”, qui ne font que passer, et celles qui restent au sein de la Métropole, afin de réduire les bouchons. Le maire de Saint-Priest s’appuie sur des chiffres qu’il aurait fait réaliser par sa commune, pour justifier le besoin de ce contournement : 170 000 véhicules par jour circuleraient sur l’A46.
Selon le ministère de Transports, l’A46 est aujourd’hui emprunté chaque jour par en moyenne par 65 000 véhicules quotidiens, et plus de 100 000 sur sa section la plus chargée, avec un taux de poids lourds jusqu’à 24 %.
Une proposition balayée d’un revers de main par la majorité écologiste, et son vice-président aux déplacements Jean-Charles Kohlhaas. Il se rapporte aux chiffres du gouvernement. “Il y a 80 000 véhicules particuliers dont seulement 10 000 sont en transit. Donc 10 000 véhicules particuliers c’est une petite départementale. Faut-il tout de suite un grand contournement Est ? Je ne crois pas”, tranche le vice-président, qui qualifie cette proposition de “prématurée”.
Si la Métropole a été aussi unanime, c’est peut-être car elle ne décide pas grand chose dans ce dossier. Qu’il s’agisse du développement du ferroviaire ou des autoroutes, les élus métropolitains ne peuvent s’en remettre qu’à l’État, ou à la région.
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