Stratégie pour une ville perméable
M. Le Président, cher collègues,
En préparant cette intervention, nous avons été surpris de nous rendre compte que seuls les groupes de la majorité avait retenu des prises des paroles sur ce sujet, pourtant déterminant.
C’est étonnant parce que, cher collègues de l’opposition, nous vous y savons ponctuellement sensibles sur les territoires. Alors pourquoi cette absence unanime de prise de parole de votre part, ici en conseil métropolitain ?
Et bien peut-être parce ce que, contrairement à ce que vous avez essayé de nous l’expliquer avec force Monsieur Pelaez, ce sujet n’est, pour vous, toujours pas politique. Il se résume à placer des pansements technique sur les mêmes manières de faire, à l’opportunité ou au cas par cas.
Pourtant, intégrer les enjeux de la « ville perméable », ne peut pas s’envisager comme un simple ajustement technico-financier des modèles d’aménagement existant. Ce contrat d’agglomération avec l’agence de l’eau ce n’est donc pas seulement une optimisation technico-financière de notre action.
Une petite parenthèse, ce qui, soit dit en passant, serait déjà suffisant en soi pour regretter l’absence de son renouvellement en 2019 à l’issue du contrat précédent. Vous bien prompt à regretter l’absence d’ambition dans nos politiques de végétalisation, je vous invite à y songer M. Kimelfeld.
Mais bref, ce contrat d’agglomération, c’est bien les fondations d’un changement vers un nouveau modèle absolument indispensable.
Ce nouveau modèle :
- c’est celui que chaque goutte d’eau qui tombe sur le territoire de la métropole, s’infiltre au plus vite dans son milieu naturel : le sol et les nappes phréatiques.
- c’est que la nature ne soit pas considérée comme quelque chose dont on s’accommode, mais bien comme ce qui permet nos vies, et nos sociétés.
- c’est que la ressource en eau soit enfin et définitivement considéré comme une ressource finie. Sans que cela ne soit qu’une belle déclaration d’intention. Mais que cela traduise une inversion des normes : ce n’est pas à la ressource de s’adapter à l’aménagement du territoire mais bien à l’aménagement du territoire de s’adapter aux ressources disponibles.
Alors évidemment, tout ça ne se construit pas en un claquement de doigt. C’est un changement culturel profond que nous devons engager.
Nous avons les ressources pour y arriver dans notre métropole grâce au savoir-faire expérimental développé à ce sujet, en partenariat avec le GRAIE et l’OTHU.
Il s’agit maintenant de le passer à grande échelle. D’installer ces nouveaux paradigmes dans les cultures d’action et les pratiques métiers.
Cela implique de décloisonner les métiers, et les services, pour créer une force auto-entrainante, par chacune et par chacun. Et c’est bien tout l’essence de cette délibération qui réunit un grand nombre de maître d’ouvrage, mais s’adresse aussi aux professionnels, aux maitres d’œuvre.
Elle parie sur le désilotage des services (collèges, voiries, assainissement, ressource en eau, urbanisme, agriculture, propreté déchets, ….). Une transversalité qui ne se décrète pas mais qui est à construire. C’est tout l’ambition de ce contrat d’agglomération et les enjeux de son animation.
Mentionnons également que les ambitions de la ville perméable ne mobilise pas que les services intra-métropolitains, mais questionnent aussi la fragmentation des compétences inter collectivités : entre les espaces verts à la ville, l’assainissement et la voirie à la métropole.
Une seule réalité physique, pour 2 à 3 collectivités, appelle à réfléchir aux opportunités de guichet unique ou d’organisation plus intégrée.
Pour conclure chers collègues, l’heure n’est donc plus à la reproduction technico-administrative de modèles dont nous avons hérité. Le sérieux aujourd’hui c’est la conscientisation de l’urgence.
L’heure n’est pas à tout miser sur la modification des comportements individuels, quand bien même il soit important et quand bien même ils peuvent être le point de départ de changement plus grand.
Non, l’heure est bien au changement culturel, au changement de la structure des normes, des habitudes, à la fin du pragmatisme libéral, pour celui du volontarisme politique.
Le dernier rapport du GIEC nous le montre. Il s’agit là d’une responsabilité politique. Nous l’avons prise, Mme. La vice-présidente la prise, la majorité la prise.