Pollution aux PFAS : il faut réguler !

Publié par Pauline FIVEL le

https://www.youtube.com/live/dpQ7p5BXx60?feature=share&t=22831

Le  travail d’investigation mené par des journalistes indépendants le long des rives du Rhône a permis de mettre en lumière la réalité des polluants de l’industrie chimique aux perfluorés.

Et surtout ses dangers sur la santé humaine sur notre territoire et sur les communes limitrophes.

J’en profite pour faire un insert, et formuler mon soutien au journalisme d’investigation. Si souvent attaqué par les directives européennes au nom de la sacro-sainte concurrence et protection des intérêts catégoriel d’entreprise avant ceux de l’intérêt général. Il montre là toute son importance et c’est donc heureux que certains qui s’inquiètent légitimement aujourd’hui n’est pas vu la réussite de leur propre famille politique à Bruxelles.

Il serait trop facile de se placer au lendemain de la guerre pour critiquer la gestion de ce composé chimique inventé dans les années 50. Mais, sur 60 ans, nous pouvons constater et déplorer que, lorsqu’il est affaire d’enjeux économiques, les enjeux environnementaux et sociaux passent toujours à l’arrière-plan. Nous ne pouvons que regretter la lenteur, l’omerta, dans la mise en application des directives obligeant à la recherche de la nocivité des molécules chimiques mis en place sur le marché, notamment depuis la directive REACH entrée en vigueur en 2007 soit depuis 15 ans déjà.

À cette heure, seulement 20 perfluorés sur plusieurs milliers sont aujourd’hui réglementés par l’État. Et encore uniquement en détection dans les eaux destinées à la consommation humaine. Cette réponse, malgré un calendrier accéléré, est trop faible, trop peu.

C’est trop peu face à l’enjeu auquel nous faisons aujourd’hui face : en plus de mieux connaitre, et de réparer, il faut réguler. Il faut réguler pour que ces polluants soient reconnus comme tels. Il faut réguler pour que ces industries ne puissent plus les rejeter dans l’eau ou dans l’air, faisant courir aux populations riveraines un danger encore difficile à évaluer.

Dès les premiers instants de la parution de cette investigation, la Métropole de Lyon a pris à bras le corps cette question, sortant de ses seules prérogatives. Grâce au volontarisme de Mme Grosperrin et Mr Athanaze,  un travail a été immédiatement mis en place, en lien avec les services de l’État, pour se saisir du sujet afin de formuler dans un temps record, en adéquation à l’urgence de la situation, la stratégie qui vous a été décrite.

Elle croise et soutient les attentes des collectifs d’habitantes et d’habitants dont je reprends là leurs termes :

  • Attentes quant au besoin d’informations fiables en vue de la sensibilisation des populations concernées par l’eau de consommation, l’eau d’irrigation ou dans l’alimentation,
  • Attente d’une action coordonnée entre les territoires impactés ou potentiellement impactés dans le périmètre élargi du bassin versant (ne pas réduire les initiatives au sud-ouest métropolitain),
  • Souhait de voir la mise en place d’une veille épidémiologique,
  • Souhait d’une dynamique ancrée dans l’ensemble de la communauté d’acteur,
  • Et enfin, souhait de veiller à la transparence des informations pour leur sincérité et crédibilité.

À ce titre je veux saluer tout particulièrement le partenariat avec l’Institut Eco Citoyen de Fos-sur-Mer, garant de l’indépendance des résultats. Une initiative que nous saluons tout particulièrement. Nous croyons également que l’hybridation entre les sphères citoyennes et institutionnelles est une des conditions pour résoudre ces situations pertinentes.

Je veux aussi avoir un propos sur l’importance du dialogue et d’une action à destination des salariés particulièrement concerné.

Il reste encore beaucoup à faire.

Un mot pour dire aussi qu’il serait insupportable qu’avec un bénéfice de plusieurs milliards d’euros sur un chiffre d’affaire de 11,5 milliards d’euros, Arkema ne se voit pas appliquer le principe de pollueur-payeur. Il n’est pas envisageable non plus que ces industries, au regard de la connaissance partielle que nous avons de la situation, puissent continuer de déverser ces polluants dont l’impact est encore mal évalué, dans l’eau du Rhône. Le principe de précaution, surtout lorsqu’un potentiel péril a été évalué doit être supérieurs aux intérêts économiques et aux logiques de profit.

Je rappelle d’ailleurs que ce principe, présent dans la Déclaration de Rio est inscrit dans le droit européen.  Je cite :

 « La politique communautaire de l’environnement doit être fondée sur le principe de précaution et sur les principes selon lesquels des mesures préventives doivent être prises, que les dommages environnementaux doivent en priorité être corrigés à la source et que le pollueur doit payer. ».

Le chemin est encore long pour les habitants de la vallée de la chimie et nous devrons rester vigilants pour leur sécurité. Je sais que de nombreuses énergies citoyennes sont aujourd’hui déployées aux côtés des associations et collectifs. Nous nous tenons à leurs côtés et les remercions.