DISSOLUTION DES SOULEVEMENTS DE LA TERRE : QUE NOUS RESTE-T-IL POUR NOUS OPPOSER ?
Ce matin en Conseil des Ministres a été actée la dissolution du collectif de luttes les Soulèvements de la Terre, sans motif crédible. Après une campagne de stigmatisation et de diffamation dans les médias ces derniers mois, la criminalisation des mouvements et des militants des organisations d’écologie politique marque un nouveau cap très inquiétant dans la politique de répression du gouvernement.
A l’heure où le changement climatique appelle à une réponse urgente, planifiée, et ambitieuse de l’État en lien avec les forces écologiques et les collectifs citoyens, l’arrestation par la sous-direction antiterroriste de plusieurs militants d’une organisation pacifique ayant mené des actes de désobéissance civile est le signe d’une grave dérive de la politique sécuritaire du Ministre de l’Intérieur, et d’une utilisation complètement disproportionnée du pouvoir. Ces arrestations et ces annonces sont d’autant plus graves qu’aujourd’hui se multiplient les appels à la violence de l’extrême droite contre les minorités et les militants de gauche, sans réponse à la hauteur de la part du gouvernement.
Droit à l’avortement, droit de vote des femmes… toutes les conquêtes sociales dont notre pays est aujourd’hui fier sont issues de luttes, d’actes de résistance et de désobéissance civile et institutionnelle.Toutes et tous, nous devons le progrès social à celles et ceux qui ont transgressé dans le passé ce qui était autorisé.
Nous dénombrons sur notre territoire plusieurs projets destructeurs du vivant : le projet inutile de la deuxième ligne ferroviaire Lyon-Turin, l’entreprise Béton Lyonnais qui puise dans les nappes phréatiques de la Métropole de Lyon, Arkema qui rejette des polluants éternels dans l’eau du Rhône…
Malgré la mobilisation, malgré les dénonciations, malgré le fait que ces projets soient dans l’illégalité vis-à-vis du code de l’environnement, rien n’est entrepris pour mettre fin à ces entreprises qui mettent en péril la santé humaine et environnementale en polluant l’air, l’eau, les sols en toute impunité.
Alors quels modes d’actions nous reste-t-il aujourd’hui ? Lorsqu’on ne peut plus manifester, plus agir pour lutter, plus compter sur le débat parlementaire, plus créer d’association de lutte contre les grands projets écocides, lorsque la presse est aux mains des grands industriels du pays, comment faire part de notre opposition ? Comment créer des espaces pour faire entendre nos voix ? La démocratie ne réside pas seulement dans le vote, elle reste vivante grâce aux luttes et aux faits de résistances et de mobilisations collectives.
Nous-mêmes sommes membres des Soulèvements de la Terre, qui prend également la forme d’un réseau d’élus de la République lanceurs d’alerte sur les sujets environnementaux. Nous sommes solidaires des actions de désobéissance civile portées par les collectifs citoyens pacifistes. Alors, nous aussi allons-nous un jour être dissous ?
- Nous dénonçons sans réserve l’annonce de la dissolution des Soulèvements de la Terre et l’arrestation de militants par la SDAT.
- Nous accusons le gouvernement de glisser vers une dérive inquiétante de l’utilisation du pouvoir et dénonçons le choix de préférer de qualifier de « terroristes » des organisations pacifiques de lutte pour le vivant plutôt que des organisations d’extrême droite appelant à l’action violente.
- Nous appelons tous les militant.e.s, élu.e.s, habitantes et habitants de la Métropole de Lyon à participer au rassemblement de soutien aux Soulèvements de la Terre ce soir à 20h à Lyon.
Nous espérons que cette dissolution n’aura heureusement, qu’un seul véritable effet : renforcer le mouvement, faire naitre de nouvelles volontés de passage à l’action. Car personne ne pourra jamais dissoudre l’aspiration à un monde vivable.
Que la mobilisation continue !