Pour que la France devienne État observateur du traité sur l’interdiction des armes nucléaires
Peut-être avez-vous pu voir sur grand écran cet été « Oppenheimer » de Christopher Nolan, retraçant l’histoire de celui qu’on appelle « le père de la bombe atomique ». Personnellement cela m’a donné envie de revoir le film de Stanley Kubrick de 1964 « Docteur Folamour ou : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe ». Ou de me replonger dans l’univers des nouvelles de Philip K. Dick où la société américaine achète des abris antiatomiques au supermarché. Ou bien encore de relire « Malevil » de Robert Merle écrit en 1972, robinsonnade postnucléaire de quelques survivants d’une cave dans le Périgord lors d’une explosion nucléaire.
Tout cet imaginaire de science-fiction, nous l’avons en commun, mais le danger du nucléaire militaire est bien réel. Permettez-moi d’apporter quelques explications et un peu de nuances dans la complexité géopolitique de la dissuasion nucléaire dans la vraie vie.
Sur les 193 pays de l’ONU, seuls 9 pays détiennent en 2023 aujourd’hui l’arme nucléaire. L’arsenal des ogives nucléaires s’élève à 12 700 ogives, dont 90% sont détenus par la Russie et les Etats-Unis, soit 11 400 uniquement pour ces 2 pays. On peut aussi noter que la Chine a augmenté ces dernières années sont stocks d’ogives. Ce n’est pas la France avec ces 290 ogives nucléaires qui doit commencer à désarmer. La pression doit d’abord s’exercer au niveau international pour une pression sur les 2 pays qui détiennent le plus d’armes nucléaires : la Russie et les Etats-Unis. Une pression doit aussi s’exercer sur les 3 pays qui n’ont pas signé le traité de non-prolifération des armes nucléaires, alors qu’ils possèdent la technologie : l’Inde, le Pakistan et Israël.
Demander à la France de signer le traité d’interdiction des armes nucléaires, c’est demander à l’État de prendre une position impossible au niveau géopolitique. Tant qu’un débat démocratique par référendum ou par l’élection présidentielle n’aura pas tranché la question de la stratégie militaire de la France basée sur la dissuasion, la position diplomatique actuelle aura du mal à évoluer. Le programme de la NUPES de Juin 2022 faisait état d’une proposition un peu plus nuancée sur le TIAN, à savoir de demander à l’État français de devenir membre observateur du traité, et non pas de le signer. C’était d’ailleurs la revendication de la marche de ce samedi 23 septembre qui a eu lieu à Lyon à l’initiative de l’association ICAN. Devenir membre observateur est plus difficile à refuser par le gouvernement, ce serait une avancée vers l’interdiction des armes nucléaires, sans affaiblir la position actuelle de la France au niveau internationale pour faire pression je le répète sur la Russie et les Etats-Unis d’abord.
Nous voterons le vœu, mais nous regrettons que nos partenaires de la NUPES n’aient pas retenu notre proposition de demander à la France de devenir État observateur du traité, plutôt que de demander de signer le traité, ce qui n’a aucune chance à court terme d’aboutir.