Pour une sécurité sociale de l’alimentation, de la fourche à la fourchette.
Monsieur le président, chers collègues.
Ma prise de parole souhaite se concentrer le projet d’expérimentation SESAME qui nous est soumis, inspiré par les principes de la Sécurité Sociale Alimentaire, principes qui sont chers à notre groupe et que nous sommes absolument ravi de voir fleurir sur notre territoire métropolitain.
Il est essentiel de reconnaître l’importance de cette initiative de la fourche à la fourchette, qui incarne une véritable ambition en matière d’alimentation pour toutes et tous, adaptée au contexte local et respectueuse de l’environnement et de la santé des personnes les plus précaires de notre territoire. Il s’agit d’une occasion unique d’identifier les moyens d’améliorer l’accès à une alimentation saine pour nos concitoyennes et concitoyens, tout en préservant notre planète, et en favorisant l’agriculture locale.
Toutefois, il est crucial de ne pas nous méprendre sur la situation actuelle. Nous sommes confrontés à une réalité où de nombreuses familles vivent dans la précarité, notamment en ce qui concerne l’alimentation. Les actions entreprises par les collectivités locales, bien que cruciales, ne reste face à l’ampleur de la tâche que de simples mesures d’urgence. Cette urgence est le fruit de décennies de politiques obsédées par une croissance effrénée, un capitalisme débridé, ignorant les limites de notre planète, les conditions de vie de nos citoyennes et citoyens, ainsi que leur santé et leur bien-être.
En effet, il est indécent de constater que, d’un côté, des bénéfices se chiffrent en milliards pour certaines grandes enseignes de la distribution, tandis que de l’autre côté, des personnes sont maintenues dans la dépendance alimentaire et vivent dans la précarité. Enlever la nourriture des assiettes, sans augmenter les salaires, sans réguler ni les prix, ni les profits de la grande distribution, pour ensuite se réjouir de redonner trois petits pois, est une tactique habile, mais profondément indécente.
Il est temps de faire un choix clair. Il y a ceux qui se contentent d’une aumône qui maintient les personnes dans la dépendance et la faim, et il y a ceux qui veulent construire des mécanismes de société qui les en sortent définitivement. C’est tout. Les chiffres ne mentent pas, et ils nous rappellent que les bénéfices colossaux de certaines entreprises, comme Carrefour, sont accumulés au détriment de la dignité et de la santé de nos concitoyennes et concitoyens. Je voudrais dire que si elle est indispensable face à l’échec industriel du système de production agro-industrielle d’aujourd’hui, l’aide alimentaire restera pour nous toujours un échec, des pansements sur une jambe de bois.
L’expérimentation SESAME en particulier va dans ce sens : s’inspirant des principes de la sécurité sociale, elle permet aux communautés de mangeuses et de mangeur de retrouver la souveraineté sur son alimentation, en conscience. Ça a un nom : le droit à l’alimentation.
Mesdames et Messieurs, nous sommes à l’aube d’une révolution dans notre approche vers une alimentation durable. Cet engagement de la Métropole en ce sens est tout à notre honneur. Engageons-nous résolument dans cette voie et transformons notre système alimentaire pour le bien être de toutes et de tous.
Je vous remercie.